J'ai toujours été attentive aux vicissitudes de l'éducation nationale, je connais le système par mes souvenirs (plutôt bons mais lointains), par les témoignages (dépourvus d'objectivité) par les luttes des enseignants (relayées mais souvent de manière tendancieuse marquant leur manque d'adaptabilité aux changements nécessaires), par mes convictions de ce que doit être l'école républicaine. Depuis 4 ans, j'avoue, je me sens encore d'avantage concernée.
Si j'avais tenu, l'année dernière, le ministre de l'éducation nationale qui a eu l'impudence de réduire le boulot des maternelles à de vulgaires garderies d'enfants mal dégrossis, si j'avais pu dans les yeux l'interroger sur les motifs fallacieux qui justifiés son propos, je lui aurais expliqué qu'une société qui se respecte ne peut pas s'envisager de manière purement gestionnaire et comptable, je lui aurais soumis un cas pratique pour connaître son avis et recueillir ses conseils avisés...
A pâques, la maîtresse de grande section m'a convoqué pour me parler du “problème”, bien sûr je n'étais venue me vanter de cet état de fait, je pensais qu'il fallait laisser le temps agir, si des facilités étaient apparues en matière d'apprentissage, son développement affectif est celui d'un enfant de son âge et je n'ai jamais voulu le faire grandir plutôt que prévu sous prétexte qu'il avait des capacités ! L'enfance n'a pas besoin de rendement, ce n'est pas un retour sur investissement, ni pour l'état, ni pour les parents.
Cependant, il est indéniable que son avance a engendré des problèmes de comportement dus à l'ennui vraisemblablement qui nuit au bon déroulement de la classe. Manifestement, il a besoin d'être nourri, il le demande, j'ai donc souscrit à la proposition de la maîtresse de lui faire passer la classe de CP.
L'énoncé du “problème” peut être surprenant, puisqu'il s'agit plutôt ici de quelque chose de positif pour l'avenir de mon fiston mais j'ai compris depuis que l'éducation nationale qui est censée permettre d'instruire le plus grand nombre, c'est à dire en faite, l'élève médian, n'est pas prête aux spécificités de chacun des élèves, dans la difficulté comme dans la facilité, elle semble le considérer seulement comme un problème. Comment arriver à faire coïncider l'intérêt général par des programmes uniformes et le cas particulier de chaque enfant qui nécessite des adaptations pour chacun.
Voilà qui à mon sens remet en cause complètement la politique gouvernementale de suppression de postes dans les écoles car c'est bien grâce au nombre et à la diversité des personnelles qui la composent que chacun des enfants s'éveillent, s'épanouissent et s'accomplissent. C'est bien leur amour du métier et des enfants, la volonté de transmettre, l'abnégation et la conscience qui les caractérisent qui le permettent. Et si bien sur le nombre ne fait pas la valeur, ni la qualité, le manque est résolument ce qui mènera à l'échec. Il n'y a pas de contradiction à vouloir le bien être général et l'épanouissement de chacun, il suffit de s'en donner les moyens.
Nous n'avons pas appris ensemble à connaître l'école primaire, son fonctionnement, ses exigences. Nous n'aurons certainement pas beaucoup de temps pour en connaître les rudiments et nous adapter car déjà dans la cohue de la rentrée, seuls les parents de CP peuvent accéder à l'intérieur de la cour, il n'y a pas d'espace pour moi. Le fiston est en première ligne et je suis à ses côtés, confiante mais attentive, déterminée, je l'embrasse et l'accompagne avec un sourire et la promesse d'être bien là à 16h30.
Je n'ai pas d'appréhension à priori, juste ce petit pincement au coeur que l'on a devant une étape à passer, mon expérience de maman m'a jusqu'à présent gâté, je ne suis ni naïve, ni angélique mais je veux croire, aujourd'hui du moins, que c'est une belle et grande aventure qui nous attend car plus qu'un ministre, l'éducation nationale est faîte d'hommes et de femmes qui gardent au coeur, pour la plupart, des valeurs qui me ressemblent.
Farpait ! Tu veux un coup de pub ?
RépondreSupprimerQuel bon moment que celui-là… Il ne s’en souviendra sans doute jamais, mais c’est une étape importante de sa vie.
RépondreSupprimerIl est vrai que la maitre s’attache à faire progresser l’élève « médian », comme tu le dis. Et l’art d’enseigner, car c’est un art, est justement de savoir pratiquer aussi bien la multitude que la singularité. Dans cette conception des choses, la compétition ou toute autre forme de comparaison entre chaque singularité, relèverait de la bêtise la plus accomplie.